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Belleville 1

Coordonnées GPS : 7.70756, -5.00327
Enquête réalisée le 18 mai 2019

Quartier au nord-est de Bouaké

Informations générales
Nom de la localité : Belleville 1
Population (RGPH 2014) : 39379
Aire : 2,91 km²
Dessertes en eau potable Totalement raccordé au réseau SODECI
Gestion des excrétas Assainissement autonome

Socio-Anthropologie

Le quartier de Belleville 1 a été créé par le premier maire de Bouaké au début des années 1960 pour accueillir les migrants attirés par la prospérité de la ville à l’aube de l’indépendance et pour loger les fonctionnaires. Il regroupe une population très cosmopolite originaire des différentes régions de Côte d’Ivoire et des pays limitrophes (Guinée, Mali, Burkina Faso). La population est de confession musulmane et chrétienne. La société locale est structurée par de nombreuses associations ou chefferies créées, à l’origine, pour accueillir et faciliter l’installation des migrants. Chaque communauté dispose de sa propre organisation rassemblant des personnes de même origine. En parallèle, les femmes sont aussi organisées en mutuelles féminines (Association cumulative d’épargne et de crédits : ACEC) visant à faciliter leurs activités commerciales ou à offrir un crédit en cas de dépenses exceptionnelles (maladie, décès, etc.). Ces associations servent aussi de vitrines pour attirer les financements de bailleurs étrangers. Les associations de jeunes délaissent progressivement la structuration identitaire de leurs aînées pour s’organiser par secteur du quartier.

Configuration spatiale

Le quartier de Belleville 1 est situé sur une colline. C’est un quartier majoritairement loti où l’on trouve des habitations principalement de bas standings. Il est délimité au sud par le quartier de Fêtêkro et le camp militaire du 3e bataillon de Bouaké, au nord par le quartier de Soussouroubougou et à l’est par Belleville 2. Le quartier dispose des infrastructures de base telles que les écoles et centres de santé. La voie principale menant au quartier est bitumée et toutes les voies secondaires sont en terre battue.

Le quartier est raccordé au réseau électrique ainsi qu’au réseau de distribution de la SODECI.

Diagnostic des points d'eau analysés

Bien que le quartier de Belleville 1 soit raccordé au réseau de la SODECI dans sa totalité, 80 % des habitations environ sont équipées d’un puits. Si la desserte en eaux par la SODECI est aujourd’hui satisfaisante, par le passé, les coupures récurrentes ont encouragé les habitants à faire creuser leur propre puits.

Les enquêtes sanitaires dans le quartier de Belleville 1 ont porté sur un échantillon de 18 points d’eau : 17 puits et 1 forage équipé d’une pompe immergée et d’un réservoir dans à la grande mosquée du quartier.

Forages

Le seul forage existant à Belleville 1 est celui de la mosquée. Il a été construit par une ONG à la faveur de la crise de l’eau qu’a connue la ville Bouaké en 2018. L’ouvrage est constitué d’un réservoir qui alimente tous les robinets de la mosquée. Il sert pour les ablutions des fidèles, mais aussi pour l’approvisionnement gratuit de la population du voisinage (sans distinction confessionnelle). Un comité interne à la mosquée se charge de lever des cotisations pour l’entretien du point d’eau. Le point d’eau est très bien entretenu et ne présente pas de risques sanitaires pour les usagers. L’analyse bactériologique n’a révélé la présence d’aucune contamination par E. coli. En revanche, l’analyse des paramètres physico-chimique révèle une concentration en fluor supérieure à la norme recommandée pour les eaux de boisson (1,5 mg/l).

Puits

Les puits dans le quartier de Belleville sont relativement anciens. La moyenne d’âge des puits visités lors de notre enquête est supérieure à 10 ans. On retrouve principalement des puits maçonnés (70 % des ouvrages diagnostiqués). Ils sont peu profonds (7,8 mètres de profondeur moyenne) en particulier dans la partie basse du quartier où certains puits font 2, 5 mètres seulement. Seul un des puits visités tarit durant l’année.

Comme dans tous les quartiers de Bouaké, la superstructure des ouvrages est constituée généralement d’une margelle couverte d’une dalle avec une trappe pour faciliter la collecte de l’eau. Les margelles sont globalement en bon état (14 puits sur 17), mais 60% des puits visités n’ont pas de couvercles adaptés ou ceux-ci sont très dégradés (perforés par la rouille). L’augmentation de la profondeur et le curage des ouvrages sont les seuls travaux effectués par les propriétaires. Ceux-ci interviennent généralement quand le puits tarit en saison sèche.

L’inspection sanitaire des puits à usage domestique dans le quartier de Belleville 1 révèlent qu’environ 60% des points d’eau soit 10 puits sur les 17 présentent une vulnérabilité élevée à très élevée à la pollution.

Niveau de vulnérabilité Très élevé Élevé Moyen Faible
Effectif des puits 3 7 6 1

Les risques potentiels observés autour des ouvrages sont dus en grande partie à : * un manque d’hygiène autour des points d’eau (présence des eaux stagnantes) : 88% des puits sont concernés * un mauvais conditionnement des puisettes et des couvercles inadaptés : sur 65% des puits * une étanchéité insuffisante des superstructures due à des fissures : 59% des puits * La présente de latrines ou toilettes à proximité immédiate des puits : 53% des puits

L’analyse de la qualité des eaux de puits notamment des paramètres physiques indique comme dans la plupart des quartiers à Bouaké des eaux qui ont une légère tendance acide (pH < 7). Les pH varient entre 5,76 et 7,15 avec une moyenne de 6,55. La conductivité des eaux de puits variait entre 354,65 et 1715 µS/cm avec une moyenne de 354,65 µS/cm. la conductivité dépasse la norme de potabilité établie par l'OMS (1400 µS/cm) dans 4 puits sur 17 . Dans certains puits situés dans le bas-fond, l'eau est perçue comme salée et amère par les habitants, ils ne s'en servent que pour les tâches ménagères. Les eaux sont très claires dans presque tous les puits visités. Seulement 1 puits avait une turbidité supérieure à 5 UTN, la norme recommandée par OMS pour les eaux de boisson.

En ce qui concerne les paramètres chimiques, les résultats d’analyse indiquent une pollution aux composés azotés (ammoniac et nitrate), et au fluor. Plus de ¾ des puits visités avaient une concentration en nitrate supérieure à la norme recommandée de 50 mg/l pour les eaux de boisson. La concentration en ammoniac est trop élevée dans 7 puits sur 17. Des concentrations de fluor supérieures aux autres quartiers ont été mesurées dans tous les puits, mais seuls 2 puits dépassent les normes de potabilité (1,5 mg/l). Le chlore libre n’a été détecté dans aucun des puits malgré le fait que 9 ménages sur 17 ont affirmé traiter régulièrement leurs puits à l’eau de javel. En conséquence, l’analyse bactériologique des échantillons d’eau relève que 13 puits sur 17 sont contaminés par la bactérie E. coli.

Eaux de surface

Aucun approvisionnement dans des eaux de surface n’a été identifié dans le quartier

Pratiques et modes d’approvisionnement en eau

En raison de l’extension rapide de la ville dans le secteur de Belleville la conduite principale qui alimente l’est de la ville est sous-dimensionnée. La SODECI effectue de nombreux travaux d’extension et de rénovation du réseau. Cela occasionne de fréquentes coupures d’approvisionnement. Certains jours, l’eau du robinet n’est disponible que la nuit. L’abonnement au service de la SODECI est perçu comme cher au regard de la qualité du service. Par conséquent, la population préfère s’approvisionner gratuitement dans les puits de leur habitation ou du voisinage immédiat. Les femmes du quartier préfèrent puiser l’eau des puits, plutôt que d’attendre toute la nuit que l’eau du robinet soit rétablie. Toutefois, les puits sont profonds et ne sont pas équipés de pompes, de ce fait, les femmes souffrent de troubles musculo-squelettiques. Les habitants au voisinage de la mosquée s’estiment privilégiés, car ils peuvent s’approvisionner aussi au forage de la mosquée. Les robinets de la mosquée offrent un approvisionnement régulier, gratuit et plus confortable.

Mode de gestion

L’entretien des puits privés est assuré et financé par leurs propriétaires, mais ils sont souvent ouverts au voisinage. Les ouvrages des mosquées sont gérés par des comités internes, mais accessibles à tous sans distinction de confession.

Personnes ressources

  • Imam de la grande mosquée de Belleville 1
  • Présidente des femmes de Belleville 1
  • Président des jeunes de Belleville 1
  • Vice-président des jeunes et Responsable du Comité Communautaire de Développement du Quartier (CCDQ) de Belleville 1

Gestion des excrétas

Le quartier de Belleville 1 ne dispose pas d’un réseau de collecte et d’évacuation des eaux usées. L’assainissement y est autonome, chaque habitation gère ses eaux usées domestiques. On retrouve tous les types d’ouvrages d’assainissement : fosses septiques, latrines sèches individuelles ou collectives. Les fosses, une fois pleines sont vidangées par des artisans ou des entreprises privées.

Desiderata des habitants

Type d'entretien Date
03 entretiens individuel auprès de personnes ressources 12-25 Novembre 2018
01 Focus group femmes 12-25 Novembre 2018
02 Focus group hommes 12-25 Novembre 2018
01 Focus group jeunes 12-25 Novembre 2018

Les entretiens individuels et collectifs menés dans le quartier indiquent que dans l’ensemble la population préfère s’approvisionner en eau dans les puits ou les forages plutôt qu’au robinet, en raison du tarif de l’abonnement à la SODECI et du caractère imprévisible des coupures. Les femmes souhaitent qu’il y ait plus de forages équipés de pompes et que les puits privés soient rénovés. Cela leur permettrait de disposer de sources d’eau pérenne à proximité de leur habitation. Elles sont conscientes des risques sanitaires liés aux infiltrations d’eaux usées dans les puits et certaines citent les manières de traiter l’eau avec de la javel avant de la boire. Toutefois, elles ne connaissent pas précisément la procédure de traitement de l’eau (quantité de javel, durée du traitement). Les hommes préfèrent que l’eau des puits soit utilisée dans leur ménage, car c’est une eau gratuite et l’entretien des puits est perçu comme bon marché au regard du coût de la facture d’eau de la SODECI. Le souhait des habitants de voir se multiplier les forages se heurte à la législation ivoirienne qui concède à la SODECI le monopole des forages en ville.

Tensions ressenties lors des entretiens

Tensions générales

Aucune tension remarquable dans le quartier.

Tensions autour de l'eau

Les principaux récits de tensions autour de l’approvisionnement en eau concernent la période de pénurie de 2018. De nombreuses querelles éclataient alors dans la file d’attente des citernes affrétées en urgence par l’office national de l’eau potable (ONEP). Ces disputes concernaient le respect de l’ordre de passage et la quantité des rations accordées à chacun.

Relations avec les localités voisines

Les relations avec les quartiers voisins sont bonnes. On ne note aucun incident.