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Maroc

Coordonnées GPS : 7.74310, -5.04518
Enquête réalisée le 08 mai 2019

Quartier du Nord-Ouest de Bouaké

Informations générales
Nom de la localité : Maroc
Population : Pas de données
Aire : 5 km²
Dessertes en eau potable Partiellement raccordé au réseau SODECI
Gestion des excrétas Assainissement autonome

Socio-Anthropologie

Créé en 2004 peu après la crise sociopolitique de 2002, ce quartier est une extension des quartiers de Kotiakro et de Dar Es Salam. Il est composé plusieurs sous-quartiers: Maroc 1, 2, 3 et 4. Il accueille une population originaire du nord du pays (population Mandé) et des pays limitrophes (Guinée, Burkina Faso, Mali). Cette population est majoritairement de confession musulmane. De ce fait, il y a une forte densité de mosquées équipées de points d’eau et une forte implication des ONG musulmanes dans la construction de puits et forage à usage collectif depuis la crise de l’eau en 2018.

Configuration spatiale

Le quartier Maroc est l’un des nouveaux quartiers créés au cours de la crise ivoirienne de 2002. Les premiers habitants ont commencé à s’installer à partir de 2004. Le quartier est subdivisé en quatre sous-quartiers à savoir Maroc 1, 2,3 et 4. Il est délimité par les quartiers de Tolakouadiokro et Gonfréville et l’aéroport de Bouaké. Le quartier Maroc est loti et on y trouve des habitations de tous les standings. Les rues du quartier ne sont pas encore bitumées, mais il est connecté au réseau électrique et partiellement au réseau de distribution de la SODECI. La pose des conduites d’eau a été réalisée en 2010, mais il n’est pas encore raccordé au château d'eau.

Diagnostic des points d'eau analysés

L’évaluation sanitaire des points d’eau au quartier Maroc a été réalisée sur 20 puits familiaux à usage domestique dont 3 construit par des ONG musulmanes. Seules quelques habitations au niveau de Maroc 1 sont raccordées au réseau de distribution de l'eau potable de la SODECI. Les habitants du quartier Maroc ont majoritairement recours aux puits pour l’alimentation en eau dans les ménages. Presque tous les puits ayant fait l’objet de notre étude ont été construits par des particuliers à la construction de leurs maisons.

Forages

Aucun forage diagnostiqué dans le quartier

Puits

La plupart des puits au quartier Maroc sont très récents. En effet, ceux ayant fait l’objet de notre enquête ont une moyenne d’âge de 5 ans. Seuls quatre points d’eau ont plus de 10 ans. Tous les autres puits ont moins de 6 ans avec une forte augmentation des constructions ces trois dernières années. 50% des puits visités ont été construits il y a moins de 3 ans pour faire face aux difficultés d’approvisionnement en eau des populations de ces dernières années.

Les puits visités au quartier Maroc sont quasiment tous maçonnés avec des poulies ou des treuils comme système d’exhaure (19 puits sur 20). Ils sont relativement profonds, ils peuvent atteindre plus de 20 m avec une profondeur moyenne de 14,5 m pour l’ensemble des puits visités. Les résultats d’enquête révèlent que 2 puits tarissent au cours de l’année. Mais les puits sont généralement pérennes, 90% des puits familiaux (18 puits sur 20) ont de l’eau toute l’année.

Puits maçonné en construction

maçonnage d'un puits en construction

Puits dans la cours d'une habitation

Puits dans une habitation

Puits construit par une ONG musulmane

Puits construit par une ONG

En ce qui concerne l’aménagement de surface, la construction récente des ouvrages fait que ceux-ci sont presque tous en bon état. 95% des puits (18 puits sur 20) ont des superstructures en bons états. L’aménagement de surface est constitué généralement d’une margelle couverte d’une dalle avec une trappe pour faciliter la collecte de l’eau. La plupart des puits visités avaient leur superstructure faite de carreaux. Il ressort de nos entretiens avec les propriétaires de puits que l’augmentation de la profondeur et le curage des ouvrages sont les seuls travaux effectués au niveau des puits. Ceux-ci interviennent généralement quand le puits tarit.

L’inspection sanitaire des puits à usage domestique au quartier Maroc révèle qu’environ 35% des points d’eau soit 7 puits sur les 20 ont une vulnérabilité élevée par rapport aux risques de pollution potentiels.

Niveau de vulnérabilité Très élevé Élevé Moyen Faible
Effectif des puits 1 6 11 2

Les risques potentiels observés autour des ouvrages sont dus en grande partie à :

  • La présente de latrines ou toilettes, des enclos et ordures à moins de 30 mètres (70% des puits)
  • L’absence de drainage des eaux résiduelles autour des ouvrages (85% puits)

L’analyse de la qualité des eaux de puits au quartier Maroc montre également que les eaux ont légère acidité (pH < 7). Les pH varient entre 6,14 et 6,96 avec une moyenne de 6,49. La conductivité des eaux de puits variait entre 64.5 et 1135 µS/Cm avec une moyenne de 100 µS/Cm. La turbidité était dans la majorité des puits inférieure à 5 UTN, la norme recommandée par OMS pour les eaux de boisson. 75% avaient une eau claire et limpide lors des analyses effectuées sur le terrain.

L’analyse des paramètres chimiques n’a révélé aucune anomalie au niveau des échantillons d’eau au quartier Maroc.

L’analyse bactériologique des échantillons d’eau prélevés au quartier Maroc relève cependant que 40% points d’eau soit environ 8 puits sur les 20 sont contaminés par la bactérie E. coli. La présente de E. coli dans les eaux indique une source contamination fécale d’origine humaine ou animale à moins de 30 mètres. Le puits est contaminé par le ruissellement d'eaux souillées ou bien par de mauvaises pratiques d'hygiène lors de l'exhaure (puisette, mains ou chaussures souillées). Les puits étant relativement profonds, la présence de E. coli peut s’expliquer par l’introduction de puisettes souillées dans les ouvrages, car celles-ci sont souvent déposées à même le sol par les usagers après la collecte de l’eau.

Eaux de surface

Aucune eau de surface diagnostiquée dans le quartier

Pratiques et modes d’approvisionnement en eau

Partiellement raccordée à la SODECI, la population utilise très majoritairement l'eau des puits. Les entretiens ménages montrent que l'eau est traitée lors du stockage.

Mode de gestion

Les puits existent dans la majorité des ménages et la gestion revient aux propriétaires. En effet, avoir un puits et offrir son eau au voisin est considérée comme une obligation sociale. Les puits situés sur l’espace public existent également. Ce sont soit des points d’eau de mosquée gérés par un comité interne et distribuant l’eau à l’ensemble des habitants sans distinction confessionnelle, soit des puits privés financés par des ONG confessionnelles musulmanes et confiés au propriétaire de l'habitation la plus proche. Ils sont situés à l’extérieur du logement de leur propriétaire afin de profiter au voisinage, mais sont gérés et entretenus par le propriétaire.

Personnes ressources

  • Responsable Comité Communale de Développement de Quartier (CCDQ) - Maroc
  • Imam de la grande mosquée du Maroc
  • Présidente des femmes Maroc 1
  • Chef de quartier Maroc 2

Gestion des excrétas

Le quartier Maroc à l’instar de presque tous les quartiers de Bouaké ne dispose pas d’un réseau de drainage des eaux usées. L’assainissement y est autonome, chaque habitation gère ses eaux usées domestiques. On retrouve tous des types d’ouvrages d’assainissement : fosses septiques, latrines sèches individuelles ou collectives. Les fosses, une fois pleine sont vidangées par des artisans ou des entreprises privées.

Desiderata des habitants

Type d'entretien Date
14 Entretiens individuels 12-25 Novembre 2018
05 Focus femmes 12-25 Novembre 2018
05 Focus hommes 12-25 Novembre 2018
04 Focus jeunes : 12-25 Novembre 2018

La population est globalement satisfaite de la qualité de l'eau des puits, sa principale source d'eau potable. Toutefois, les femmes insistent particulièrement sur les la fatigue et les douleurs musculo-squelettiques qu'engendre l'utilisation des puits. Situés sur une butte, les puits sont très profonds et remonter la puisette est éreintant. Elles aimeraient que leurs habitations soient raccordées au réseau de distribution de l'eau potable de la SODECI.

Les hommes tendent à privilégier des sources d'eau de qualité, mais meilleur marché que la SODECI. Ils préfèreraient donc que des forages collectifs indépendants du réseau de la SODECI soient construits, car ils estiment que l'eau y est moins chère, mais de très bonne qualité. Notons que ce voeu se heurte à la législation ivoirienne qui attribue le monopole de l'exploitation des forages en ville à la SODECI.

Tensions ressenties lors des entretiens

Tensions générales

Aucune tension signalée

Tensions autour de l'eau

Les habitants de Maroc 1 se plaignent des coupures intempestives sur le réseau d'AEP géré par la SODECI. Ils aimeraient que cela cesse ou être mieux informé en amont pour pouvoir s'y préparer.

Les principaux récits de tensions autour de l’approvisionnement en eau concernent la période de pénurie de 2018. De nombreuses querelles éclataient alors dans la file d’attente des citernes affrétées en urgence par l’office national de l’eau potable (ONEP). Ces disputes concernaient le respect de l’ordre de passage et la quantité des rations accordées à chacun.

Relations avec les localités voisines

Les relations avec les quartiers voisins sont bonnes. On ne note aucun incident.